The Soul Is A Bird - Laurie Anderson

In 1984, as part of the press for the tour I was doing in Japan, I was asked to go to Bali and speak about the future with the prince of Ouboud. Now the idea was that I would represent the Western world, the prince the Southern world, and the Japanese press representative would represent whatever was left. The conversations would be published in a large book, scheduled for release one year after the concert tour. Now as press this didn't really seem like a great way to advertise concerts but it sounded like fun anyway.

And I stayed at the palace in one of the former king's harem houses. Each of the king's wives had had her own house guarded by a pair of animals, a bear and a fox for example. By the time I got there, years later, the menagerie had dwindled a bit. My house was guarded by two tropical fish. Bali was extremely hot in the afternoons and the conversations with the prince drifted along randomly from topic to topic. The prince was a bon vivant trained in Paris and he spoke excellent English and when he wasn't in the palace he was out on the bumpy back roads racing cars. So we talked about cars, a subject I know absolutely nothing about, and I felt that as far as representing the Western world was going, I was failing pretty dismally. Then, on the second night, the prince served an elaborate feast of Balinese dishes. At the end of the meal, the conversation slowed to a halt, and after a few minutes of silence he asked:



— Would you like to see the cremation tapes of my father?



The tapes were several hours long and were a record of the elaborate three-month ceremony shot by the BBC. When the king died the whole country went to work, building an enormous funeral pyre for him. After months of preparation, during which time the corpse continues to reside in the living room, they hoisted the body to the top of this rickety, extremely flammable structure, an

En 1984, dans le cadre de la presse de la tournée que je faisais au Japon, on m'a demandé d'aller à Bali et de parler de l'avenir avec le prince d'Ouboud. Maintenant, l'idée était que je représenterais le monde occidental, le prince le monde du Sud et le représentant de la presse japonaise représenterait tout ce qui restait. Les conversations seraient publiées dans un grand livre, dont la sortie est prévue un an après la tournée de concerts. Maintenant, en tant que presse, cela ne semblait pas vraiment être un excellent moyen de faire de la publicité pour des concerts, mais cela avait quand même l'air amusant.

Et je suis resté au palais dans l'une des maisons de harem de l'ancien roi. Chacune des épouses du roi avait eu sa propre maison gardée par une paire d'animaux, un ours et un renard par exemple. Au moment où j'y suis arrivé, des années plus tard, la ménagerie avait un peu diminué. Ma maison était gardée par deux poissons tropicaux. Bali était extrêmement chaud l'après-midi et les conversations avec le prince ont dérivé au hasard d'un sujet à l'autre. Le prince était un bon vivant formé à Paris et il parlait un anglais excellent et quand il n'était pas dans le palais, il était sur les routes de course cahoteuses. Nous avons donc parlé des voitures, un sujet dont je ne connais absolument rien, et je sentais qu'en ce qui concerne la représentation du monde occidental, j'échouais assez lamentablement. Puis, la deuxième nuit, le prince a servi une fête élaborée de plats balinais. À la fin du repas, la conversation s'est ralentie et après quelques minutes de silence, il a demandé:



Â? Voulez-vous voir les bandes de crémation de mon père?



Les enregistrements duraient plusieurs heures et constituaient un enregistrement de la cérémonie élaborée de trois mois filmée par la BBC. À la mort du roi, tout le pays se mit au travail, lui construisant un énorme bûcher funéraire. Après des mois de préparation, pendant lesquels le cadavre continue de résider dans le salon, ils ont hissé le corps au sommet de cette structure branlante et extrêmement inflammable, un